La revanche du Bogolan
Parmi les textiles africains qui ont le plus de caractère, le bogolan occupe une place de choix: motifs tribaux, grand contraste de couleurs (marron/noir, blanc), il ne passe pas inaperçu.
Le bogolan, une étoffe chargée de sens et de technicité
Le bogolan est originaire du Mali. C’est dans le Bélédougou, région nord de Bamako que la technique est maîtrisée.
Le processus de fabrication du bogolan est artisanal. Le textile utilisé est du coton tissé. Le coton est teint en étant trempé dans une décoction de feuilles d’arbres (le n’galman et le n’tjankara) contenant une forte concentration de tannin.
Les motifs sont ensuite réalisés à main levée sur le tissu à partir de la boue. Et il ne s’agit pas de n’importe quelle boue: elle provient de marigots et est riche en sels ferreux. C’est la réaction chimique entre l’oxyde ferrique et l’acide tannique qui va donner la couleur noir caractéristique du bogolan.
Lorsque la boue a séchée, la pièce de coton est rincée à l’eau pour enlever l’excédent de boue. Puis, le processus de trempage avec la boue est répété plusieurs fois sur les zones où on souhaite renforcer la couleur noire.
Pour finir, les zones jaunes résiduelles sont blanchies avec une mixture de millet et de cacahuète ainsi qu’un ingrédient actif: la soude.
Il est intéressant de noter que le bogolan est le beau reflet d’une complémentarité de savoir-faire de la femme et de l’homme: la femme file le coton et l’homme le tisse pour réaliser les pagnes que la femme décore.
On l’aura compris: la fabrication du bogolan est complexe. Ceci explique les prix élevés de ce textile et le fait qu’il soit, jusqu’aujourd’hui, réalisé de manière artisanale limite la capacité de production et les quantités vendues.
D’une utilisation traditionnelle à des usages plus modernes
A l’origine, chaque motif sur le bogolan avait un sens. Les artisans s’inspiraient de la nature, d’éléments de la vie quotidienne en Afrique… Chaque pièce était destinée à un usage rituel précis comme le mariage ou la chasse. Selon la tradition, le pagne bogolan enroulé autour du corps servait à faire obstacle aux agressions extérieures. Protection et parure, deuxième peau, il servait de réceptacle aux urines du nourrisson, au sang des règles, au sang des blessures de chasse…bref, tout un code qui a au fil des années disparu.
Chris Seydou est un grand nom de la mode malienne qui a joué un rôle essentiel dans la modernisation du bogolan. Il a en effet été parmi les premiers créateurs africains à avoir introduire des étoffes traditionnelles dans les modèles occidentaux de type jupe courte et veste cintrée par exemple: le bogolan a justement été une de ses étoffes de prédilection.
Les premiers modèles de Chris Seydou avec du bogolan ont été présentés à Paris en 1979 et à Abidjan en 1981. Succès dans ces 2 capitales !
C’est ainsi que ce textile à forte identité malienne a pu connaître une expansion.
Jusque-là, le bogolan était surtout utilisé en Occident pour de la décoration d’intérieur. SOURCE
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