LA KORA : instrument de musique africaine

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La kora est une harpe-luth d'Afrique de l’Ouest au son délicat et profond. Sa caisse de résonance est une demi calebasse recouverte d'une peau de bœuf et traversée par une hampe. Au nombre de 21, les cordes se répartissent en deux rangées parallèles et se rattachent à la hampe par des anneaux en cuir ; deux antennes permettent de se saisir de l'instrument et d'en jouer à l'aide des index et des pouces.

Traditionnellement, la kora était jouée par les <em>griots</em>, conteurs, poètes, mémorialistes, conseillers des princes : le griot parlait et chantait tout en jouant des musiques extrêmement élaborées, transmises de père en fils, enrichies à chaque génération.

Dans la seconde moitié du XXème siècle, les griots relèvent de nouveaux défis : les premiers, Lamine Konté (Sénégal) et Foday Musa Suso (Gambie) commencent à faire connaître la kora en Europe et aux Etats-Unis. Lamine Konté marie les airs de Casamance aux rythmes afro-cubains et met en musique les grands poètes de la Négritude ; Foday Musa Suso mêle sa kora à des instruments électriques et collabore avec des musiciens de jazz ainsi qu’avec le compositeur Philip Glass.

Dans les mêmes années, les moines du Monastère bénédictin de Keur Moussa (Sénégal) adoptent la kora pour accompagner les offices ; ils construisent la première kora à clefs en remplaçant les traditionnels anneaux de cuir par des mécaniques de guitare, et conçoivent une méthode d'enseignement basée sur la notation écrite. Le frère Dominique Catta, maître de chœur du Monastère de Keur Moussa, est le premier compositeur occidental à écrire des pièces pour la kora, seule, en duo avec des instruments occidentaux ou en accompagnement des chants communautaires.

De nos jours, le grand fleuve de la kora est constitué de deux courants parallèles : celui de la kora traditionnelle, plus inventive que jamais, et celui de la « kora de Keur Moussa », qui pose de nouveaux jalons dans l’histoire de l’instrument.

C’est peut-être Toumani Diabate (Mali) qui incarne le mieux le premier courant : après avoir enregistré, il y a vingt ans, le premier CD de kora seule entièrement instrumentale (Kaira), il n’a cessé de collaborer avec des musiciens venus de tous les horizons : Ali Farka Touré, Taj Mahal, Björk, Dee Dee Bridgewater, musiciens de blues ou de flamenco… Dans son dernier disque (The Mande Variations), il alterne des pièces du répertoire classique mandingue, jouées sur une kora traditionnelle, avec des compositions interprétées sur une kora à clefs accordée d’une façon inédite. Djeli Moussa Diawara (membre du groupe Kora Jazz Trio) et Ballake Sissoko (qui vient de publier avec Vincent Segal le CD "Chamber Music", un duo kora et violoncelle) participent de ce même élan créateur.

Le deuxième courant, qui prend ses racines dans les travaux des moines de Keur Moussa, est principalement incarné par le Frère Dominique Catta et par Jacques Burtin. Le Frère Dominique Catta a introduit la kora dans la liturgie chrétienne ; avec lui, la harpe africaine a dialogué pour la première fois de son histoire avec des instruments occidentaux. Jacques Burtin, tout en prolongeant ces acquis, a également introduit la kora dans le monde de la création artistique contemporaine (dialogue avec les arts plastiques, création interdisciplinaire, musiques de scène)

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