DÉCOUVERTE : le pagne tissé Manjak

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Étoffe chargée d’histoire et de culture, le pagne tissé Manjak communément appelé « sëru njaago » au Sénégal, a traversé les âges et est utilisé à diverses fins. Plus qu’un article utilitaire, le pagne est à la limite vénéré surtout chez les Manjaks. A l’image du riz et des troupeaux, il est un symbole de richesse, un produit de luxe. Présent lors des cérémonies les plus importantes de presque toutes les ethnies du Sénégal, le pagne accompagne l’homme de sa naissance à sa mort.

Selon la légende, son origine remonterait à un passé lointain. Tout aurait commencé suite à la signature d’un pacte. Un esprit aurait initié le secret du tissage à un homme du village de Kalëkis (ou Calequisse en français), région de Cacheu situé au nord de la Guinée Bissau. Celui-ci partagea ensuite son savoir-faire avec ses pairs.

Aujourd’hui encore, bien qu’influencés par les portugais, avec l’ajout de lisses supplémentaires et l’adoption des évolutions techniques de l’Europe sur l’ornementation et l’assistance d’un tireur de lacs, les tisserands perpétuent toujours ce métier avec ce savoir-faire traditionnel. Le tissage manuel du pagne se réalise ainsi à l’horizontal et se fait sur un terrain spacieux. Il faut au tisserand une distance de 10 à 20 mètres pour aménager son plan de travail. La largeur de tissage est de 80 cm en général, mais peut varier entre 20, 40 et 100 cm, selon la demande. Cet exercice de tissage est exclusivement réservé aux hommes, mais les finitions sont souvent du ressort des femmes.

Le résultat est d’une qualité exceptionnelle. Il présente un tissu à la fois souple, doux et épais. Pétillant et d’un magnétisme séducteur, le pagne fascine aussi par la chaleur des couleurs, la beauté des motifs et symboles. De grandes stylistes sénégalaises comme Collé Sow Ardo, Angélique Diédhiou ou Adama Paris en ont fait leur matière favorite. C’est aussi le cas de l’artiste peintre sénégalaise d’adoption et française d’origine, Maï Diop ou Véronique Picart avec ses travaux et expositions sur le pagne tissé, Aïssa Dione et ses articles d’ameublement, de décoration…

Malgré une promotion faite à travers son utilisation dans la mode et l’ameublement (dessus de lit, coussin, rideau..) le secteur rencontre de difficultés, dans l’approvisionnement en coton de qualité, il n’y a plus d’usine de filage de coton au Sénégal depuis deux ans.

Conscient de la nécessité d’unir leurs forces, des tisserands se sont regroupés autour d’une structure dénommée les Atelier de la communauté Mandjak (Acoma), créée en 1978 et basée au quartier Fass de Dakar. Ces artisans forment une coopérative qui compte plus d’une centaine de membres et diversifient leurs articles. Ils ont acquis une expérience certaine avec à leur actif, plusieurs expositions au Sénégal, France, Allemagne, Usa…

Mais paradoxalement, les difficultés persistent toujours. « Nous ne vendons plus de pagne comme avant, à peine arrivons-nous à vendre deux à trois pagnes par semaine », se désole Victor Sagna, gérant de ces ateliers. « Outre le tissage de pagne, nous confectionnons aussi des sacs, des cartables, des porte-monnaie, des porte-documents et des chaussures », explique-t-il.SOURCE

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